Le Dauphiné Libéré parle de Fermaculture

Annecy : la Fermaculture, un jardin qui réconcilie nature et humain

Depuis 2018, l’association Fermaculture cultive légumes, fruits et plantes aromatiques sur les quatre hectares de terrain prêtés par la ville d’Annecy. Les bénévoles y expérimentent la permaculture, un mode d’agriculture respectueux de l’environnement et de la biodiversité.

Tandis que la pluie arrose les timides cultures hivernales de la Fermaculture, une dizaine de personnes s’est regroupée dans la cabane qui jouxte l’entrée du terrain de l’association, à Annecy. Autour d’une large table en bois, dix jardiniers en herbe sont suspendus aux lèvres de Jennifer Geoffroy, qui anime un atelier sur les semis en ce samedi 11 mars. « Le jardinage, ce n’est pas que pour les bobos bio, c’est pour tout le monde ! », rit-elle devant son petit auditoire.

À 34 ans, cette ancienne conseillère agricole est à la tête d’une autoentreprise d’accompagnement en agroécologie. Cinq fois par an, la jeune femme est conviée à la Fermaculture pour y partager son savoir-faire, prodiguant des conseils de jardinage respectueux de l’environnement. « Il y a une vraie demande en milieu urbain. Les gens veulent de plus en plus mettre les mains dans la terre et comprendre ce qu’ils mangent », explique Jennifer Geoffroy.

Charlotte Marcon, restauratrice de 35 ans, suit assidûment ces ateliers depuis leur création, il y a deux ans. Propriétaire d’un petit lopin de terre depuis peu, elle s’essaie à la culture de pois chiches, de maïs ou encore de radis noirs, simplement « pour le plaisir de jardiner ». Terreau de lien social, la Fermaculture écarte toute logique productiviste de son mode de culture pour se concentrer sur la création d’un sens du collectif, entièrement tourné vers le partage et la proximité avec la nature. La ferme urbaine utilise son terrain de quatre hectares, prêté par la ville d’Annecy, pour y expérimenter des techniques de permaculture, un mode d’agriculture respectueux de l’environnement et de la biodiversité.

Les bénévoles ne pouvant se servir des récoltes pour leur usage personnel, les 150 kilogrammes de fruits et légumes produits l’année dernière ont été donnés à des associations ou bien partagés lors de “soupes parties”. Avec un fonctionnement en gouvernance partagée, la Fermaculture prend toutes ses décisions en concertation, convaincue de l’efficacité de « l’intelligence collective », d’après le mot de Marie-Hélène Legrand-Bulle, bénévole de 65 ans.

Les adeptes de la permaculture veulent montrer qu’il est possible de produire autrement, sans pesticides ni engrais, en accord avec la biodiversité et la terre. « En permaculture, on ne parle pas de mauvaises herbes mais d’adventices », explique Marie-Hélène Legrand-Bulle. Idem pour les animaux dits nuisibles, une désignation récusée. Le lexique permaculturel se veut ainsi un outil pour reconsidérer la place de l’homme dans la nature. Même si les bénévoles finissent tout de même par arracher les plantes un peu trop envahissantes…

Par Eloïse CIMBIDHI  le 16 mars 2023

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